Mécanique du projet
On vit, on meurt, et que reste-t-il? Que laisse-t-on derrière soi?
Comment ce qu’on a reçu, et transmis à ceux qui nous suivent, est-il adapté, transformé, pour donner naissance à des formes toujours nouvelles et jamais premières, formes qui seront à nouveau transfigurées par les générations suivantes?
La mécanique du projet s’inscrit très directement dans cette thématique.
Elle s’articule autour de la transmission d’un module gestuel flexible, dont il faut “s’emparer” et qu’on apprend à d’autres, sur la création d’une famille gestuelle où chacun a un rôle à tenir, celui de chaînon, où chaque génération a des caractéristiques qui lui sont propres, et enfin, où il y a place pour l’affirmation individuelle, la réponse particulière.
Avant tout, l’enjeu du projet se situe dans le moment du passage d’un individu à un autre, dans la charge de déformation, de réinterprétation de la proposition de départ, la façon de “l’habiter” - à travers les limites imparties qui sont d’ordre spatial et temporel.
C’est dans l’amont de l’installation que le projet trouve pour nous toute sa raison d’être, dans la question qui ne demande pas de réponse définitive de “qu’est-ce qui vaut le coup d’être transmis, et comment”, dans le désir en tout cas qu’un réseau de sensibilités puisse se former, et donner lieu à une forme de représentation où le spectateur, observateur libre de ses mouvements, et non assis dans le noir d’une salle de théâtre, puisse se sentir impliqué.
Nicole Mossoux • 2004