Retours de spectateurs
Déclics et des claques!
(…) Beaucoup de charme dans ces tableaux millimétrés, tirés au cordeau où la danse se fabrique de postures en attitudes figées, de redémarrages et successions affolées, cavalcade de signes distinctifs de rangs sociaux, de divagations éclectiques sur le "corps social": celui qui ment, celui qui se trahit, celui qui séduit, celui qui questionne nos aprioris, nos convenances, nos habitudes.
C'est baroque à souhait, rondement mené, au rythme soutenu par des salves de déclics, de claques faites aux conventions.
Sarabande carnavalesque finale pour boucler la boucle, fermer les becs aux détracteurs de mensonges, aux paparazzi de la bienséance. Une qualité d'observation et d'interprétation, valant à chacun des cinq danseurs, costumés une petite ovation!
Geneviève Charras / juillet 2019
Histoire de l’imposture : une performance troublante et belle pour faire tomber le masque des apparences
Les créations de la compagnie Mossoux-Bonté sont fascinantes. Le travail du corps, chorégraphié, invite à une contemplation synesthésique qui ne peut laisser indifférent. (…) « Le monde est un théâtre » disait Shakespeare… « Tout navigue sous de faux pavillons » disait Kafka…Si l’idée n’est pas nouvelle, la démarche artistique utilisée ici pour l'illustrer séduit par son originalité et sa puissance sensorielle et évocatrice.(…)
Invitation séduisante à l’observation d’un tableau mouvant à l’esthétique médusante et aux réflexions sous-jacentes pertinentes. Sur le plateau, Sébastien Jacobs, Leslie Mannès, Frauke Mariën, Maxence Rey, Marco Torrice font preuve d’une énergie hypnotisante et offrent aux spectateurs la sensation troublante d’avoir flirté avec le subconscient et ses méandres fascinants devant un ballet pulsatif intemporel.
Julie Cadilhac / août 2019
En cas d’urgence, briser la glace.
Il est des sourires effrayants. Non pas ceux qui sentent l’ironie, le cynisme, la condescendance à plein nez, ceux-là sont juste déplaisants. Mais ceux qui sont vidés de toute substance, ceux qui se défendent, ceux derrière lesquels la personne abandonne, renonce à une partie d’elle-même, les sourires de réflexe-secours. On sourit par politesse, par convention, par soumission quand les relations entre les gens regroupés dans un endroit ne sont pas encore définies. C’est un déclencheur social qui amènera les rapports entre ces individus à se préciser, un moyen de briser la glace.
Dès qu’ils entendent le déclencheur de l’appareil photo, cinq « mannequins » tout sourire apparaissent sur le plateau – on le leur a demandé – et viennent s’exposer en vitrine. Ils ne se présentent pas pour être reconnus pour ce qu’ils sont ou s’imaginent être : ils savent qu’ils ne le seront pas. Alors ils feront « comme si », s’inventeront des personnalités d’emprunt, se fonderont dans le moule, se joueront des clichés, continueront à sourire à s’en décrocher la mâchoire, recomposeront sans cesse une nouvelle vitrine pour mieux se vendre. Ils cherchent le contact, mais restent constamment divisés, dans le doute. Ils oscillent entre fantasme et critique : d’abord immortalisés sous tous leurs angles, les crépitements de l’appareil photo deviendront vite des rafales de mitrailleuses. On leur tire dessus, sous nos yeux.
Le public n’est pas en reste, le photographe se trouve parmi les spectateurs. Aux sourires figés des interprètes répondent les rires des spectateurs – pris au piège dans la bande-son du spectacle- et ces rires, qui vont des gloussements et applaudissements préenregistrés des sitcoms américaines aux cris des supporters d’un match de foot, sonnent faux, creux eux-aussi. C’est à se demander … que faut-il pour un vrai sourire ?
Manon Dumonceaux / octobre 2020